Image collection header

XIXe siècle

XIXe siècle
Huile sur toile

Carte de la Corse aux armes du Maréchal de Maillebois

Les « Révolutions de Corse » contre la République de Gênes, débutent en 1729. La première intervention française dans l’île a lieu de 1738 à 1741, commandée par Maillebois : la conquête de la Corse lui vaudra son bâton de maréchal (qui apparaît sous ses armoiries, dans la légende de la carte à droite).

Cette carte lui est dédiée et porte plus de sept cents toponymes insulaires, ainsi que des mentions de mouvements de troupes et la localisation de leurs cantonnements. Elle reprend les travaux de l’ingénieur Jean Bourcet de la Saigne, qui a dressé en 1740 la première carte moderne de la Corse. L’intérêt stratégique de ces documents est manifeste. Cette carte peinte de très grandes dimensions est un dépôt du musée de Versailles, et on peut imaginer qu’elle permettait au Roi, aux ministres et à l’état-major de suivre les opérations de Corse. La carte Bourcet de la Saigne demeurera secrète jusqu’à ce que lors de la seconde intervention française (1748-1753) son chef, le marquis de Cursay ne commande une nouvelle carte, bien plus exacte. La carte de la Saigne est alors gravée par Didier Robert de Vaugondy en 1756. Celle commandée par Cursay sera publiée par Bellin en 1768, l’année de la signature du traité de Versailles, le 15 mai 1768, portant cession de la Corse à la France.

Le cartouche de cette carte réunit un personnage mythologique, Neptune, et des Corses observés avec justesse, comme celui qui joue aux cartes, vêtu de son pilone. En forçant le trait, on peut dire que la Corse sort du mythe antique pour entrer dans l’histoire moderne de la Méditerranée et de l’Europe, dans ces années 1730-1770. Toute l’élite cultivée de l’Europe s’était passionnée pour l’expérience démocratique de Paoli (1755-1769) conduite jusqu’à la défaite de Ponte-Novu, le 8 mai 1769, devant l’armée du roi de France. Des visiteurs britanniques, italiens ou français viennent découvrir l’île. On se rend compte alors que la documentation disponible relative à la Corse est ancienne (la carte la plus connue, celle de Maggini, date de 1620 !) et que l’on ne peut plus persister à citer des auteurs antiques comme Strabon, Diodore de Sicile ou Sénèque comme des informateurs précis… tandis que l’on continue parfois d’écrire qu’Aleria, détruite après la chute de l’Empire romain, est toujours la capitale de la Corse.