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XIXe siècle

XIXe siècle
Mobilier

Commode de marqueterie « au carquois »

De Milan, Joseph Fesch écrit le 3 décembre 1797 à sa sœur Letizia à Ajaccio qu’il va lui envoyer plusieurs caisses de meubles achetés dans la capitale lombarde. Il précise que ces caisses sont déjà parties pour le port de Gênes.

On y trouve trois cheminées en albâtre de Busca, quatre commodes décorées de pierres semi-précieuses : trois avec de beaux « médaillons » peints, et une autre qui possède un « mécanisme secret qu’il convient de connaître » sous peine d’abîmer le meuble en cherchant à l’ouvrir. Un superbe secrétaire complète le lot.

Dans ce courrier, Fesch indique qu’il partira lui-même dans huit jours pour Gênes, afin d’expédier des caisses de tableaux à Ajaccio.

Ce courrier date l’arrivée à la maison Bonaparte de quelques-uns des plus beaux meubles qui l’ornent encore aujourd’hui.

Des trois cheminées signalées dans la lettre, deux sont encore visibles dans les salles du second étage, dont celle qui chauffait la chambre « du retour d’Egypte ». Elles sont en albâtre de Busca, une localité proche de Turin, et ce matériau très précieux était généralement utilisé pour fabriquer des balustrades d’autel.

Les quatre commodes aux somptueuses marqueteries sont, pour trois d’entre elles, incrustées de pierres semi-précieuses : lapis-lazuli, agate et onyx. Deux, et non trois comme indiqué dans la lettre, présentent une peinture sur albâtre en façade : l’enlèvement de Proserpine, pour l’une ; le sommeil d’Endymion pour l’autre.

Doit-on conclure que la troisième avait également un albâtre peint ? Que représentait-il ? S’est-il cassé pendant le transport ? Les documents conservés à la maison Bonaparte ne font pas état d’une troisième peinture sur ces meubles. Pourtant, cette commode sans décor a exactement la même composition ornementale que celle du sommeil d’Endymion : elle est sa jumelle, bien plus que de celle de l’enlèvement de Proserpine qui a une tout autre composition ornementale.

La quatrième commode présente un décor constitué seulement de marqueterie de bois. Sa face est composée non pas de tiroirs mais d’un panneau qui cache les tiroirs (les charnières sont à gauche, la serrure est en haut à droite). C’est sans doute ce dispositif que Fesch qualifiait de « secret qu’il fallait connaître » pour ouvrir le meuble. Des quatre, c’est peut-être la plus élégante, en dépit de l’absence de figuration peinte. La marqueterie représentant un carquois portant des flèches au milieu de rinceaux est d’un grand raffinement. Opposant ce raffinement à la richesse affichée des autres commodes incrustées de pierres semi-précieuses, on a voulu réserver l’attribution de la seule commode au carquois à Giuseppe Maggiolini (Parabiago, 1738 – 1814).