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Maison Bonaparte

Maison Bonaparte

La maison est classée Monument Historique et devient musée national en 1967.

L'histoire de la famille Bonaparte à Ajaccio remonte à la fin du XVe siècle avec Francesco, premier Bonaparte établi en Corse surnommé le Maure de Sarzane du nom de la petite ville italienne d'où sa famille était originaire.
C'est à la fin du XVIIe siècle que les Bonaparte s'installent dans une partie de la maison qui depuis porte leur nom. Peu à peu ils essaient de s'attribuer la maison toute entière, étage par étage et même pièce par pièce car la coutume corse subdivise alors la propriété à un point extrême. En 1766, après de longues tractations familiales et quelques mariages d'intérêt, la " casa "est devenue la plus importante de la rue Malerba qui va se transformer en rue Bonaparte. La maison est alors en très mauvais état et il faut faire de coûteux travaux de toiture, de réfection de murs intérieurs mais aussi de fenêtres et de planchers. Un escalier fixe est également construit pour remplacer la simple échelle mobile qui servait à accéder aux étages supérieurs.
Le seul héritier mâle des Bonaparte, Carlo-Maria, épouse Letizia Ramolino en 1764. Ils ont douze enfants dont huit survivent et sept sont nés dans cette maison d'Ajaccio : Joseph (né à Corte), Napoléon, Lucien, Elisa, Louis, Pauline, Caroline, Jérôme. Propriétaires terriens aisés, leurs revenus sont ceux de leurs fermes et de leurs terres qui procurent vin, huile, farine, fruits, lait, fromage et viande pour nourrir la famille et les domestiques.

 

charles_de_bonaparte.jpgCharles de Bonaparte est un personnage important, avocat au Conseil Supérieur de la Corse et assesseur de la juridiction royale d'Ajaccio, reconnu noble par le roi de France en 1771. Il adhère au rattachement de l'île à la France et en 1778 se rend à Versailles pour représenter la noblesse au sein de la députation corse.
Pour soutenir son rang, il agrandit et embellit la demeure familiale par l'adjonction d'une terrasse et par des travaux d'aménagements intérieurs. On sait par exemple qu'il fait tendre sa chambre à coucher d'étoffe cramoisie et y installe une cheminée de marbre ; une grande table de vingt couverts forme désormais le centre de la salle à manger
A la suite de son décès prématuré en 1785, Joseph l'aîné des enfants n'a que dix sept ans et c'est son oncle l'archidiacre Luciano qui reprend les rênes de la famille. Lui aussi va agrandir la maison en faisant l'acquisition d'un bâtiment voisin assez important qui comprend une cuisine, deux chambres, un magasin et deux greniers. Il fait revenir dans les biens de la famille la propriété des Milelli, située à environ 3 km d'Ajaccio, qui s'étend sur plusieurs hectares et dont une partie est réservée aux cultures maraîchères. Mais la famille est appauvrie et Letizia économise pour payer les études de Joseph et de Lucien tout en poursuivant l'éducation des plus jeunes (Jérôme est né en 1784). A la mort de l'oncle archidiacre l'héritage est le bienvenu et permet même l'acquisition de nouvelles propriétés à Ajaccio et aux environs.

 

La Révolution ayant éclaté, les Bonaparte sont en difficulté car ils sont de fervents défenseurs des idées républicaines à l'opposé de Paoli et de Pozzo di Borgo qui sont ralliés au parti anglais. En mai 1793 Letizia quitte précipitamment Ajaccio avec ses enfants, puis s'embarque pour le continent où elle va vivre avec ses enfants à Marseille.
Sa maison ainsi que les propriétés de la famille sont entièrement pillées et par la suite l'habitation est réquisitionnée par les Anglais pour servir de magasin de fourrage et de dépôt d'armes, ainsi que de logements pour les officiers à l' étage.
C'est seulement à la fin de l'année 1796 que Joseph, peut rentrer à Ajaccio, les Français ayant chassé les Anglais de Corse. Dès son arrivée il acquiert l'appartement d'Ignazio Pianelli situé au deuxième étage et fait remettre en état la maison en faisant appel à Samuel-Etienne Meuron, architecte suisse entrepreneur des fortifications de la place d'Ajaccio.
Grace à la loi du 31 janvier 1797 qui indemnise les corses victimes de l'occupation anglaise, les moyens de restaurer la maison leur sont fournis et Letizia revient s'occuper des travaux.
La maison semble avoir été reprise entièrement : des briques, des tomettes et des tuiles viennent de Gênes et de Marseille, Letizia signe des factures de maçons, de menuisiers, de forgerons et de serruriers. Le peu de mobilier échappé au pillage est complété. Elisa fait parvenir des tentures en papier peint et en damas ainsi que des sièges, des trumeaux et une table de marbre. Une rampe d'escalier est fabriquée et expédiée à Ajaccio.
En 1799 les travaux sont achevés, permettant à Letizia, à Fesch et au jeune Louis de quitter l'île pour rejoindre le reste de la famille à Paris. La maison est alors confiée à la garde de Camille Illari la nourrice de Napoléon.

 

napoleon_ajaccio.jpgUn acte de 1805 passé au château de Malmaison stipule que la maison d'Ajaccio est cédée au cousin de Letizia, André Ramolino. Dans les deux ans il doit créer, à ses frais, une place devant la maison en faisant détruire d'autres constructions ; c'est l'origine du jardin situé devant la maison. A sa mort en 1831 la propriété passe à son parent et filleul Napoléon Levie Ramolino mais Letizia conteste cet héritage, d'abord en prétextant la naissance du roi de Rome (1811) puis en tant qu'héritière de son petit fils après 1832.
L'héritage passe ensuite au cardinal Fesch (demi-frère de Letizia), puis à Joseph Bonaparte qui parvient enfin à rentrer en possession des lieux en 1843. La maison est alors vidée de tout son mobilier car Napoléon Levie Ramolino a tout emporté.
La fille de Joseph, Zénaïde princesse de Canino, se dessaisit de cette maison en faveur de son cousin Napoléon III en 1852. Celui-ci fait restaurer les bâtiments par Alexis Paccard l'architecte du Palais de Fontainebleau et par le peintre Jérôme Maglioli. L'Empereur et son épouse sont déçus lors de leur visite en 1860 de trouver la maison vide, aussi le garde-meuble de la couronne s'emploie à négocier avec Lévie le rachat des meubles. L'impératrice Eugénie revient en 1869 avec son fils à l'occasion du centenaire de la naissance de Napoléon Bonaparte mais ce sera la dernière fois car en 1870 la maison est confisquée.
Elle est restituée au Prince Impérial en 1874 puis à la mort de celui-ci revient à Eugénie et enfin à son héritier le Prince Victor. C'est ce dernier qui l'offre à l'Etat en 1923. La maison est classée Monument Historique et devient musée national en 1967. Elle est aujourd'hui rattachée au musée national du château de Malmaison.