Le modèle antique prévaut constamment avec Napoléon, mais quelle est sa source ? La mode du Néoclassicisme après les découvertes d’Herculanum et de Pompéi ? Le modèle de la République, puis de l’Empire romain ? La culture « romaine » des Bonaparte (et des élites corses de la fin du XVIIIe siècle) ? La résurrection de la dignité impériale ?
En tous cas la référence à l’Antiquité est permanente chez les Bonaparte et apparait sous des formes très diverses (beaux-arts, architecture, peinture, sculpture et arts décoratifs), références littéraires et discours politique. Pour alimenter ce discours, Napoléon va faire de Rome la seconde capitale de l’Empire français, porter une couronne de lauriers d’or, et remettra en selle la vieille querelle qui opposait Louis XIV, le pape et Alexandre VII pour la primauté européenne. Lui-même, Caroline, Joseph, Lucien et Elisa vont encourager des fouilles sur des territoires dont ils ont la responsabilité, et valoriser leurs découvertes, notamment en publiant de magnifiques ouvrages sur les monuments antiques. Ils continuent ainsi une tradition portée par les rois de France pendant la Renaissance et l’époque classique, par les Bourbons de Naples, mais aussi par les papes, les cardinaux et les princes romains … Mais nul n’avait donné une telle ampleur à la valorisation de ce passé dans la construction d’un langage nouveau auxquels vont participer également Vivant Denon et le Préfet de Rome Camille de Tournon.
Le fond exceptionnel de la Bibliothèque municipale d’Ajaccio, constitué par le cardinal Fesch et Lucien Bonaparte, témoigne de ces enjeux symboliques, culturels et politiques. L’exposition sera bâtie à partir de ses collections.
Commissaire : Jean-Marc Olivesi
