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XIXe siècle

XIXe siècle
Sculpture

Crèche

Cet objet de dévotion est aussi une véritable œuvre d’art avec ses personnages d’ivoire très finement représentés, ses décors d’ébène et d’acajou et sa scénographie élaborée.

Les figurines sculptées dans l’ivoire montrent dans leurs attitudes et leurs expressions, dans la représentation de la chevelure de la Vierge et dans les plis des drapés, une très grande qualité d’exécution. Le décor de l’étable, où la blancheur de l’ivoire ressort fortement sur l’ébène sombre est également parfaitement composé et répond au sol à damiers noirs et blancs.

Une scénographie très maîtrisée oblige le spectateur à une observation attentive des détails et de l’ensemble. Un mur de bois, à droite de la composition, cache au spectateur frontal l’un des personnages. Ce spectateur, d’abord attiré par la Nativité, s’attarde ensuite sur le personnage de gauche qui descend l’escalier et regarde la scène à travers une fenêtre. Nous suivons son regard et, après avoir contemplé la Sainte famille, nous découvrons le personnage caché par le mur à droite : c’est un berger qui s’approche de l’enfant en portant un agneau. Il est caractérisé par un grand chapeau et un sac en bandoulière. La scène représente l’épisode de l’adoration des bergers.

Les proportions de la figure du jeune homme qui regarde à travers la fenêtre et du berger sont allongées. Elles évoquent les représentations maniéristes de la seconde moitié du XVIe siècle. L’impression est renforcée par l’attitude instable du jeune homme. Au contraire, Joseph et Marie sont des figures plus « monumentales » en dépit de leur petite échelle, et - Marie surtout - évoquent l’esthétique du Baroque. Ce qui permettrait de dater l’ensemble entre la fin du XVIe siècle et le début du XVIIe.

Une tradition, rapportée par Larrey, veut que cette crèche soit un cadeau rapporté par Bonaparte à sa mère au retour d’Egypte « Il avait rapporté à sa mère, entre autres objets recherchés en Orient, une crèche en ébène et acajou, dont les figures en ivoire étaient finement modelées. Cet objet curieux représentait un modèle de l’art industriel de la Syrie. »

On ne peut rien trouver de tel au Proche-Orient. La crèche est aussi très différente des crèches napolitaines dont les personnages, vêtus de véritables tissus, sont composés de mains et de visages en céramique ou en bois, supportés par une armature de fer.

C’est en Allemagne du sud que l’on trouve les crèches les plus semblables, par leur facture et par les matériaux employés. Sybe Wartena, du musée de Munich qui abrite l’une des plus importantes collections mondiales de crèches, retient cette origine et rapproche cette composition de l’école de Weilheim et aussi des travaux du sculpteur sur ivoire de la cour de Bavière, à Munich, Christof Angermaier (1580-1632). L’étable serait plus tardive et ne remonterait qu’au début du XIXe siècle.

La crèche pourrait être un cadeau de Napoléon Bonaparte, premier Consul, à ses cousins Ramolino vers 1802.