Lieu de rencontre et de discussion, de divertissement et d’expérimentation artistique et culturelle, le salon est, au début du XIXe siècle, également l’espace privilégié de la vie musicale.
Qu’elle soit assurée par des professionnels ou par des amateurs, qu’elle soit simple décor ou activité centrale à laquelle on voue une écoute attentive et absorbée, la musique y est une présence constante et participe de tous les moments de sa vie sociale.
Au Salon de Musique du Château de Malmaison, lieu emblématique de la vie musicale sous le Premier Empire, où les meilleurs musiciens de l’époque se rencontrent et se produisent, la musique rythme les soirées données chaque semaine par l’impératrice Joséphine, en dialoguant tout naturellement avec les autres arts, littéraires et visuels.
Interroger aujourd’hui le salon comme lieu de la musique au début du XIXe siècle signifie resituer la pratique musicale dans le cadre de la sociabilité de l’époque, en en reconsidérant la fonction et les formes d’organisation. Cela représente une étape fondamentale dans la reconstitution du sens de l’expérience musicale du premier romantisme, non seulement pour le musicologue, mais aussi pour le musicien et l’auditeur : le premier étant appelé à réfléchir sur les modalités de l’adaptation de sa pratique musicale à l’intimité d’un salon quand le deuxième est invité à découvrir une forme plus active de participation à l’écoute musicale.
Ce sont ces questions que la journée d’étude organisée par La Nouvelle Athènes et le Musée national des Châteaux de Malmaison et de Bois-Préau, consacrée au premier romantisme musical français, se propose d’aborder en ouverture du festival musical de Pentecôte. Les quatre communications du matin vont tour à tour évoquer la vie de salons célèbres, se pencher sur le rôle que ceux-ci jouent dans la carrière des musiciens de l’époque et discuter l’idée même de « répertoire de salon », en se focalisant notamment sur celui des romances, genre incontournable de la vie musicale du salon. La séance d’expérimentation pratique de l’après-midi profitera du Salon Vert du Château de Bois-Préau et de la présence du piano carré Erard de 1806 pour réfléchir à la manière dont les caractéristiques architecturales, acoustiques et sociales du salon peuvent informer l’interprétation du répertoire.
PROGRAMME DE LA JOURNEE :
Matinée (9h30 - 13h00)
9h30 : Introduction par Elisabeth Caude, directrice du Musée National des Châteaux de Malmaison et Bois–Préau
9h45 :Thomas Vernet, Fondation Royaumont « Salons de musique et musiques au salon : le témoignage du baron de Trémont » Louis-Philippe Joseph Girod de Vienney, baron de de Trémont (1779-1852) fut à la fois acteur et témoin de la vie musicale parisienne entre le Directoire et la Restauration. Ses souvenirs, qu'il ne souhaita pas dissocier de sa collection d'autographes, restituent l'esprit d'une époque et constituent, au-delà de l'anecdote, une source importante pour appréhender la question des goûts et des pratiques musicales au salon dans les premières décennies du XIXe siècle.
10h30 :Vincent Hadot, Musée National des Châteaux de Malmaison et Bois–Préau « Méhul chez Bonaparte : un compositeur dans l'intimité du pouvoir » Aperçu avec Jacques-Louis David à la table parisienne du général Bonaparte dès 1798, cité parmi les habitués de la Malmaison où il aurait dîné chaque jeudi, Étienne-Nicolas Méhul, compositeur préromantique connu pour son Chant du Départ, évolue dans le cercle proche du Premier Consul. Cette présentation ponctuée d'extraits musicaux dévoile les liens entre le musicien et l'homme de pouvoir, les goûts de Bonaparte et leur influence sur l’oeuvre de Méhul, ainsi que les vicissitudes inhérentes à la vie d'un artiste si glorifié sous le Consulat et le Premier Empire.
11h15 :Pause café
11h30 :Hervé Lacombe, Université Rennes 2 « Réflexion sur le répertoire de salon » Le salon peut être abordé comme espace privé, lieu de sociabilité, forme originale d’organisation d’une pratique et d’une écoute de la musique, etc. Cette intervention s’intéressera à un autre aspect du salon, celui de son répertoire. Elle s’organisera en deux temps. Le premier proposera un état des lieux selon deux approches, l’une descriptive (quelles oeuvres sont jouées ?), l’autre générique (y a-t-il un répertoire spécifique ?). Le second s’intéressera, à partir de la notion de « produits dérivés », aux oeuvres adaptées pour y être jouées.
12h15 :Annelies Andries, Université d’Utrecht « Une république des romances: Composer et chanter à travers les guerres » Cette communication se propose d’examiner comment les pratiques de composition, de partage et de représentation des romances dans la France du début du XIXe siècle ont pu créer des « communautés de sentiments » (Pernau, 2017) dans lesquelles les romances étaient utilisées pour faire face à des émotions éprouvantes, y compris celles suscitées par les guerres napoléoniennes. Ces pratiques ont permis de créer des réseaux de parenté - essentiels pour faire face aux traumatismes de la guerre - tout en produisant des modèles partagés d’expressions émotionnelles.
13h00 :Déjeuner
Après-midi (14h15 - 16h30) - Séance d'expérimentation animée par Luca Montebugnoli, CRR de Paris, Orpheus Instituut de Gand (Belgique), et Eloy Orzaiz, CRR de Boulogne-Billancourt
14h15 :Introduction par Luca Montebugnoli
14h30 : Clara Hugo et Jan Hugo, duo chant et piano
15h30 :Sebastijan Bereta et Gregoire Laugraud, duo traverso et piano
