La vie à Malmaison
Pendant la période du Consulat la jeunesse et l'insouciance priment sur l'étiquette, loin du palais des Tuileries. Le Premier Consul lui-même participe aux distractions, parfois on dresse la table dans le parc et les soirées sont occupées par des jeux de société (cartes, tric-trac, billard) ou par la lecture de livres nouveaux. Des bals se tiennent dans les salons du château, le théâtre animé par les habitués de Malmaison reste la distraction favorite de cette société qui entoure Bonaparte, Joséphine et leur proches. Des fêtes sont également organisées à Malmaison, importantes comme la réception pour les souverains d'Etrurie en 1801, ou plus intimes comme la fête de Joséphine que l'on célèbre tous les 19 mars.
A l'automne 1802 la cour consulaire s'installe à Saint-Cloud puis à partir de 1806 l'étiquette du palais codifie chaque acte des souverains dans leurs diverses résidences. Après le divorce Joséphine continue à recevoir et maintient son train de vie malgré sa quasi-solitude. Elle tient table ouverte et organise des concerts dans sa galerie, recevant parfois des hôtes de marque comme le tsar Alexandre Ier. Napoléon ne retourne que deux fois à Malmaison après 1809 pour rencontrer Joséphine et séjourne une dernière fois du 25 au 29 juin 1815 après son abdication pour se recueillir sur ses souvenirs.
Noël à Malmaison
La tradition du sapin de Noël était inconnue en France sous le Premier Empire et n’apparaît pas avant le milieu du XIXème siècle. Venue d’Allemagne et d’Angleterre, elle s’est implantée d’abord en Alsace et en Lorraine avant de se répandre dans le reste du pays. C’est pourquoi il n’y a pas en cette période de l’année de sapin dans le château. Par contre, les ifs taillés de l’allée d’arrivée sont munis de guirlandes lumineuses alimentées par l’énergie solaire, afin le soir de donner au lieu un air de fête. A l’époque de Napoléon et de Joséphine, le jour de Noël, inscrit comme fête de l’Église au calendrier de l’Almanach impérial, n’était associé à rien de particulier, comme les cadeaux, associés de nos jours au sapin. Ils étaient donnés sous l’Empire au moment des étrennes en début d’année.
On trouve sur le site du château un chapitre intitulé « Des étrennes à Malmaison » avec le texte suivant :
Le sapin décoré, les cadeaux enrubannés et le père Noël nous feraient presque oublier une tradition plus ancienne, celle des étrennes, qui trouve son origine à la naissance de Rome. Le roi sabin Tatius, collègue de Romulus au pouvoir, aurait eu l’habitude d’offrir aux romains les plus valeureux des rameaux de verveine, plante très précieuse aux vertus pharmaceutiques reconnues. La coutume s’établit alors d’offrir des présents lors des premiers jours du mois de janvier, coutume qui traversa les siècles. Au XVIIIe siècle, Louis XV puis Louis XVI offraient à l’occasion du 1er janvier des produits des manufactures royales au premier rang desquelles des porcelaines de Sèvre.
Joséphine respectait la tradition des étrennes, comme en témoigne une de ses lettres adressée à son fils Eugène : J’ai différé de t’écrire, afin de pouvoir t’assurer positivement une chose qui te fera plaisir : c’est que mes affaires sont terminées et toutes mes dettes payées. Voilà les étrennes que je t’envoie cette année. Malmaison, 13 janvier 1812.
Quant à Napoléon, il portait une attention particulière à la qualité des présents qu’il entendait offrir : Monsieur le duc de Cadore, je viens de voir des porcelaines qui ont été envoyées à l’Impératrice pour ses présents du Jour de l’an. Ces porcelaines sont fort laides; veillez à ce qu’elles soient plus belles une autre année… Napoléon à Champagny, ministre de l'Intérieur, Paris, 31 décembre 1811
Sont aujourd'hui présentes dans les collections de Malmaison des oeuvres issues de la tradition des étrennes. Suivent des images d’œuvres données à l’origine sous forme d’étrennes (tapisserie d’après le portrait de Joséphine par Gérard).
Amaury LEFEBURE, ancien conservateur général du patrimoine et directeur du musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau.