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Vue du cabinet de travail de l’hôtel Bonaparte, rue de la Victoire à Paris

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© DR

La première résidence occupée après leur mariage par Joséphine et Napoléon Bonaparte à Paris, de 1796 à 1799, était un petit hôtel de la Chaussée d’Antin situé rue Chantereine, rebaptisée en l’honneur de Bonaparte rue de la Victoire en 1797. La maison est restée célèbre pour avoir été le lieu où se prépara le coup d’État du 18 brumaire. Elle ne survécut cependant pas à la fièvre immobilière du second Empire. Le percement de la rue de Châteaudun et la construction d’immeubles de rapport entraînèrent en effet sa démolition pendant l’hiver 1857.
    Gustave de Reiset, auteur de ce dessin, avait quelques raisons d’être intéressé par cette maison. Son épouse, née Blanche de Sancy de Parabère, était la petite-fille de la propriétaire, la comtesse Lefebvre-Desnoëttes, née Stéphanie Rolier. Napoléon, à qui elle était apparentée, lui avait donné l’hôtel à l’occasion de son mariage en 1806 avec le général Charles Lefebvre-Desnoëttes, un de ses anciens aides de camp. La comtesse Lefebvre-Desnoëttes vendit l’hôtel en 1857 à un agent de change qui réalisa avec cette acquisition une importante opération dans le quartier, alors en pleine transformation.
    Avant la vente de la maison, le comte de Reiset, diplomate de son état et artiste amateur, réalisa une aquarelle, datée de juin 1856, souvent reproduite, représentant l’hôtel, côté jardin (Paris, Fondation Napoléon). Aucune vue de l’intérieur n’était connue jusqu’à ce jour (voir le catalogue de l’exposition Joséphine et Napoléon. L’hôtel de la rue de la Victoire, musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau, 2013-2014).
    Aussi l’apparition de ce dessin est-elle une véritable surprise. Croquis pris sur le vif, il représente non pas le salon, comme l’indique l’inscription au dos, mais le cabinet de travail de Bonaparte. La pièce, la dernière du rez-de-chaussée, était éclairée par une seule fenêtre au-dessus de la cheminée. Elle communiquait d’un côté avec le salon, situé au centre de la maison, éclairé lui par quatre fenêtres, et de l’autre avec l’extérieur. Le croquis indique, sous la corniche du plafond, l’emplacement d’un décor qui correspond à celui de la fameuse frise peinte, placée généralement dans le cabinet de travail. Malmaison conserve plusieurs meubles et objets provenant de l’hôtel et a eu la chance d’acquérir en 2013 deux vues inédites de Charles Nicolas Ransonnette (1793-1877) représentant la maison. Datées de 1857, elles ont apporté déjà, par certains détails précis, des renseignements nouveaux. Il faut saluer ce don qui apporte également à l’étude de ce lieu mythique de nouvelles connaissances.