En toute saison, il fallait fleurir Malmaison pour satisfaire au goût de Joséphine et pour rappeler que ce domaine était la demeure d’une impératrice. Le château disparaissait sous les fleurs qu’une habile connaissance du temps de floraison de chaque espèce permettait de prolonger du printemps à l’automne et leurs massifs produisaient un heureux désordre. Les serres du jardin fleuriste fournissaient les fleurs coupées dont on garnissait les salons et les appartements privés. Et parce que leur production n’y suffisait pas, les fleuristes parisiens livraient chaque matin les bouquets les plus rares et les plus entêtants. Cette débauche florale envahissait les services de table en porcelaine, les coiffures de l’impératrice, les murs mêmes de sa chambre, où étaient accrochés les tableaux de Redouté. En s’entourant de fleurs, la plus coquette des femmes, qui portait aussi le prénom de Rose, avait fait sienne la coquetterie de la nature.